1802 à Abolition

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Jeanne Menjoulet
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102 989 personnes sont réduites à l’esclave dans l’archipel par l’arrêté du 16 juillet 1802. Lacrosse devint Gouverneur de l’île en septembre et fait arrêter toute personne soupçonnée d’avoir participé à la rébellion des esclaves en mai. En 1804, les règles régissant l’esclavage sont durcies à la suite de la perte de Saint-Domingue le 1er janvier. Cependant, en Amérique, un contexte révolutionnaire commence à surgir un peu partout et la divise en deux groupes : une zone libre où les esclaves sont en marronnage et une zone refuge pour les esclavagistes. Cela donnera naissance à deux forces qui vont s’affronter en Guadeloupe pendant cette période : la force libérale et la force esclavagiste. Aussi, l’intérêt de l’esclavage est régulièrement remis en cause économiquement. En 1807, l’Angleterre abolit la traite tout comme le Congrès de Vienne. Cependant, la traite continue de façon illégale et les esclaves peuvent même être jetés en mer afin d’éviter à l’équipage d’être pendu. Le 8 août 1833, l’abolition de l’esclavage est votée par les Anglais et leurs îles deviennent des refuges pour les marrons français.

Dès lors, les Français craignent que les esclaves ne se retournent contre eux en cas de nouveaux affrontements entre les deux puissances coloniales. Cependant, l’indemnité compensatrice à reverser aux planteurs fait traîner les choses pendant plus d’une décennie. Dans l'intervalle, l’interdiction des mutilations est votée en 1833 et les lois Mackau régissant le travail des esclaves sont adoptées en 1845. C’est dans ce contexte que Victor Schoelcher, député humaniste, visite les colonies et publie différents ouvrages contre l’esclavage dont le premier en 1833 "De l'esclavage des Noirs et de la législation coloniale". Entre-temps, un violent séisme, le plus intense jamais enregistré dans les Caraïbes, secoue la Guadeloupe le 8 février 1843 ravageant l’île et détruisant complètement plusieurs moulins et sucreries. La ville de Pointe-à-Pitre est alors complètement ravagée par l’incendie qui en découle. L’ère industrielle de l’île s’amorce avec sa reconstruction et la création des deux premières usines sucrières. Plusieurs maîtres décident alors d’affranchir leurs esclaves puisque les besoins en main-d’œuvre ne sont plus les mêmes et que la solidarité entre les classes générée par le tremblement de terre a donné une tout autre perspective des esclaves.

En 1847, le recensement de la Guadeloupe fait état de 87 752 esclaves pour 41 357 personnes dites libres. Le 24 février, la Monarchie de Juillet chute et le gouvernement nommé provisoirement déclare le 4 mars que “nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves”. Le 27 avril 1848, le décret final abolissant définitivement l’esclavage, sur une proposition de Schoelcher, est adopté en France. Il faudra attendre le 22 mai 1848 pour que la nouvelle arrive enfin en Guadeloupe. Une révolte éclate dans le rang des esclaves et le gouverneur Layrle se voit dans l’obligation de promulguer l’abolition immédiate de l’esclavage dans le département en supprimant le délai de deux mois afin de calmer les esprits. Néanmoins, la vie des nouveaux affranchis n’est pas pour autant des plus faciles. Si une indemnité est bien votée et versée aux planteurs afin de compenser les pertes financières et pouvoir les aider à réorganiser leur exploitation, rien n’est fait pour les anciens esclaves. Les plus « chanceux » auront la possibilité de continuer à travailler au salaire minimum dans les habitations, les autres se retrouveront devant le néant entrainant un bouleversement socio-économique important de la Guadeloupe. 130, 131, 132, 147, 149 et 154

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